De l’invocation des Saints.

Dans mon billet précédent, j’ai évoqué la mise en place et le traitement des Figures des Planches du traité de Roubo. Comme toujours dans ce genre d’exercice, on se rend compte après coup des améliorations ou corrections qui doivent y être apportés ; elles ne manqueront pas d’advenir et là n’est pas le sujet. Car cela n’empêche pas, non plus, qu’il faut à un moment donné résoudre des problèmes qui, eux, avaient été clairement identifiés dès le départ, non par leur nature-même, finalement assez solvable, mais par l’abondance de leur répétition.

Dans un billet de blog fort instructif, l’ami Dneis nous apprend qu’il utilise le logiciel Gwenview et ses options avancées pour noter les dimensions du recadrage (position et taille) d’une sélection graphique. J’avoue que j’avais primitivement envisagé de faire la même chose avec le logiciel XnView MP qui, peu ou prou quoiqu’en légèrement moins bien, permet de faire la même chose.

Mais il y a 383 Planches dans le traité de Roubo. Et, pour l’instant (je n’ai noté le nombre de Figures par Planche que pour la moitié d’entre elles), une moyenne d’environ douze Figures par Planche. On dépassera donc, à la très minimale louche, plus de 4000 Figures au final et en totalité... Par ailleurs, que l’on s’y prenne de n’importe quelle manière, une sélection graphique, c’est tout de même la bagatelle de quatre nombres ; soit :

  • X, Y du coin supérieur gauche et X, Y du coin inférieur droit.

ou

  • X, Y du coin supérieur gauche et Largeur et Hauteur du rectangle sélectionné.

Ce qui revient strictement à la même chose, puisque dans un cas comme dans l’autre, on peut déduire les dimensions du rectangle dans le premier cas, ou les coordonnées du point inférieur droit dans le second. Dans tous les cas, le calcul est assez vite fait : 4000 × 4 = 16000 ; je pense avoir déjà démontré que j’aime bien les défis, mais de là à me vautrer de plaisir dans les bégaiements, il se trouve encore une marge que je n’ai pas franchie.

Lors de la mise en place des Figures de la première Planche, j’ai donc procédé ainsi ; en notant à la main (pas complètement à la plume d’oie sur parchemin, mais presque) les quatre nombres de chacune des 37 Figures. Et c’est épouvantablement laborieux. J’ai rêvé d’un autre monde d’un logiciel qui me permettrait de prendre mes sélections de Figures en note sans m’arracher ce qui me reste de cheveux. Et, d’un strict point de vue logiciel, je n’ai pas trouvé. J’ai donc pris mon sac à dos, mes chaussures de randonnée, et je suis parti dans la Comté à la recherche du Graal. Au détour d’un sentier, un premier indice m’a été donné dans cette page me laissant croire que le site wouaibe de Michał Wojciechowski m’accorderai joies, plaisirs et délectations. À mon grand regret, ce site est vidé de son contenu ; mortibus de chez trépassé (priez pour lui).

C’était sans compter Saint-Archive.org qui, pour nous, toujours prie.

Parce que j’aime bien comprendre et que, surtout, j’ai une sainte horreur de réinventer la roue, je n’ai jamais été un grand fan de jQuery ; mais faire la fine bouche à étudier une API aussi simple et claire, ce serait inconvenant. « imgAreaSelect » est juste un plugin ex-tra-or-di-naire, facile à mettre en place, permettant une action qu’un non professionnel dans mon genre serait bien en peine de pouvoir programmer (c’est largement au-dessus de mes moyens). La brique de code magique étant mise à disposition, il ne me restait plus qu’à aller retourner piquer dans mes propres stocks des choses plus ou moins déjà établies, les décliner, les peaufiner, le tout pour que ce soit joli pratique, copier, coller, abracadabra, ET VOILÀ.

  • Je sélectionne la Planche sur laquelle je veux travailler dans la liste déroulante.

  • Elle débarque comme il faut dans la page, me gratifiant, en dessous d’icelle d’un tableau comportant un nombre de lignes correspondant exactement au nombre de Figures que contient la Planche. Ce n’est pas magique, il faut prier Saint-DOM. pour qu’il fasse le boulot.

  • Je sélectionne la Figure que je souhaite définir dans l’autre liste déroulante.

  • Je sélectionne GRAPHIQUEMENT sur la Planche, la Figure correspondante. C’est un vrai bonheur de dragage, de déplacements, d’ajustements ou de corrections, si nécessaire. On sait à tout moment où l’on crèche puisque les coordonnées numériques s’affichent, en haut à gauche de l’écran. Et quand on est bon, y’a-plus-ka. Le zoom de [Ctrl] + roulette de souris (ou [Ctrl] + [+], [Ctrl] + [-] et [Ctrl] + [0]) n’agit QUE que sur le PNG de la Planche. Mes bien chers Frères, mes bien chères Sœurs, rendons Grâce à Saint-CSS.

  • Y’a-plus-ka, cela veut dire cliquer sur le bouton « [N]oter la sélection en cours » qui rempli alors la bonne ligne de Figures des quatre valeurs acquises, dans le tableau prévu à cet effet, sous la Planche. J’adÔre.

JavaScript ne permet que fort mal d’exporter un fichier, qu’il faudrait toutefois rouvrir pour le réincorporer ; le plus simple reste donc, dans ce cas-là, de passer par le presse-papier. Et comme la sélection et la copie peuvent, aussi, se programmer, tout ceci peut se faire d’un clic de souris sur le bouton final : « Copier les valeurs du [t]ableau dans le presse-papier. ».

Sans oublier que toujours, les raccourcis clavier rendus possibles par accesskey sont accessibles pour qui sait lire ce qui est écrit entre crochets sur les boutons eux-mêmes...

Tout ceci ne fonctionne, pour le moment, uniquement dans le cadre du navigateur, sans le moindre échange avec un serveur (Ajax, PHP, SQL ou autre), évidemment parce que, pour le moment encore, le presse-papier qui me sert d’interface avec ma feuille de tableur me suffit amplement. Mais on imagine je crois sans peine la puissance de cette plaisanterie dans un cadre évidemment élargi. Ça n’est, aussi, qu’un plugin JavaScript ; mais il permet, quand même, d’obtenir ce que je n’ai pas trouvé dans aucun logiciel de traitement de graphiques... Cela montre une fois de plus à quel point la page Web est un support d’une incroyable potentialité, sur laquelle il est peu d’information qui ne puisse se greffer.

En programmant ces lignes, j’ai eu le même sentiment que celui que l’on éprouve en faisant un gabarit un peu compliqué pour l’usinage d’une pièce et qui ne servira qu’une fois. C’est un sentiment qui n’a que peu lieu d’être ; je veux dire qu’on récupère souvent les gabarits compliqués, pour les remodeler, les adapter et les reconditionner à d’autres fins que leurs primitives. Il se trouve, dans ces bribes de code, une analogie facile avec les chutes de contreplaqué que l’on conserve en atelier ; non qu’ils soient estimables comme du vrai bois, juste qu’ils rendent des services pour, ici faire une cale de sciage, là un carter de protection, à moins que ce ne soit la moindre boite de stockage de clous ou de vis...

La vraie vie quoi.

 

[Addition du 20 avril 2022]

Même les gabarits que l’on croît les plus aboutis sont susceptibles d’être améliorés, réglés, légèrement modifiés. À l’usage, je me suis rendu compte que je commençais quasiment toujours par la Figure 1 de chaque Planche. Et que, de manière finalement très classique, je poursuivais dans l’ordre, jusqu’à ce que ne nombre de Figures soit épuisé. Mais à chaque fois, fut-ce à l’aide du raccourci clavier, (sous Firefox : [Alt] + [Maj.] + [G], puis [Flèche bas], puis [Entrée]), je devais incrémenter la liste déroulante de sélection des numéros de Figures. Or, cette incrémentation peut très bien être automatisée (une seule ligne de JavaScript...) étant naturellement entendu que l’on reste parfaitement libre de continuer à se servir de la liste déroulante pour saisir les coordonnées des Figures dans n’importe quel ordre. Et, évidemment, l’incrémentation n’a pas lieu si on vient de valider l’enregistrement des coordonnées de la dernière Figure de la Planche en cours.

[/Addition]

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